Evelyn était restée un bon deux heures étendue sur son lit, dans son costume, à observer le plafond en se demandant ce qu’elle allait faire. Ces deux derniers jours il lui était arrivé le même genre d’absence et en même temps elle détenait une information dont elle ne savait soudainement plus quoi faire. Un bébé. En fait, même pas encore un bébé. Une petite chose sans forme, de quelques cellules, invisible… Sa main vient spontanément se poser sur son ventre nu pour caresser légèrement. Elle commençait réellement à percuter et bien que ce soit certainement déraisonnable tous ses instincts la poussaient à ne pas renoncer à cette petite chose intangible.

Ce soir c’était la fête du centenaire. Elle avait pris du soin dans le choix de son costume. Elle voulait faire revivre un peu les mille et une nuit dans un costume de Shéhérazade probablement plus stylisé qu’il n’avait été dans la vraie vie. Elle était coiffée, maquillée, parfumée, pailletée même ! Et puis prête trop tôt elle s’était ainsi posée en laissant un peu filer les heures. Dehors le défilé des lampions avait déjà commencé et elle songeait plutôt à celui qui, quelques semaines plus tôt, avait partagé avec elle une nuit unique d’amusement et de plaisir.  

Adrian. Elle l’avait connu en Amérique sans qu’il ne se passe rien entre eux. L’ami d’un ami, à peine. Ils avaient fait la fête ensemble, s’étaient fait un peu de charme aussi… Mais sur le moment elle n’avait pas été si réceptive à son côté brut de décoffrage. Et puis sans crier gare, une fois à Séoul elle avait vu cette attitude outrancière, badboy-esque… D’un tout autre œil. C’était vraiment de la racaille et son père lui aurait dit mille fois qu’elle « valait mieux qu’un biker grossier ». N’empêche qu’il venait de prendre du level en la mettant enceinte.

Eve avait beau y penser de manière très critique elle n’avait aucun regret vis-à-vis de cette nuit. Et elle trouvait Adrian tout sauf repoussant il va sans dire. Il était bourré d’attitude, de charme… Et avait parmi les plus beaux yeux qui lui ait été donné de voir. Même sa personnalité avait fini par la séduire. L’amour ? Il n’avait pas été dans l’équation cette nuit là et pourtant, ça avait donné un truc improbable, de toute évidence !

D’y songer, Evelyn prend finalement une résolution sur laquelle elle se tâtait depuis deux jours. Depuis qu’un test suivit d’une prise de sang lui avait confirmé ce qu’un peu de retard menstruel lui avait fait supposer de manière un peu fébrile.

Alors elle enfile une veste en cuir sur son joli costume oriental histoire de ne pas crever de froid. Elle le déposerait une fois au casino, dans les vestiaires… Bref. Elle attrape ses clefs de voiture, verrouille son appartement et de manière assez mécanique, elle se rend dans le quartier de Jongno. Elle était venue une fois mais quelle fois ! Bébé peut-être mais la nuit qui l’avait précédé avait été exceptionnelle aussi. Sous ses dehors un peu brusques Adrian était un amant qui prenait certes… Mais qui savait aussi donner !

Eve sonne à sa porte, ne sachant plus vraiment à ce stade si elle espérait qu’il soit là ou bien qu’il soit déjà parti faire la fête ! Mais la porte s’ouvre. Un Adrian coiffé par l’action du Saint-Esprit pour lui donner ce petit air sauvage… Mais engoncé dans un uniforme militaire du plus bel effet. Etonnant comme cet uniforme qui représentait quelque chose de droit, de très « protocolaire » collait à cet électron libre, non. Il va ouvrir la bouche mais Eve l’interrompt pour lever sa main droite, tenant le test de grossesse qu’elle avait fait deux jours avant celui-ci.

« C’est tout bleu. »

Et levant son autre main, elle montre les résultats d’analyse de sa prise de sang qui confirmait, via un taux d’hormones élevés, la présence d’un embryon au creux de ses reins. Mais si jamais ce n’était toujours pas limpide, elle lâche la bombe pour de bon :

« Je suis enceinte. De toi. »

Histoire d’être claire à cent pour cent sur la raison de sa présence quoi ! Et puis la diplomatie, tout ça...

Ça avait pris un peu de temps et quelques textos empressés de Hyo Jin pour qu’Adrian sorte finalement son costume du placard. Il aimait faire la fête… mais il préférait le faire à la façon des jeunes, dans un bar ou une boîte de nuit, comme celle où il bossait. Une fête costumée, c’était loin de ce qu’il considérait comme une soirée relaxe à s’amuser. Il ne savait même pas ce qu’il allait foutre là-bas. Quelques regards allaient se tourner vers lui, torves. Il commençait à se faire son petit nom dans le monde de la nuit et pas juste au Once in a Blue Moon… Ses activités nocturnes lui avaient attiré un peu d’attention et il était prudent ces derniers temps. Enfin, aussi prudent qu’on puisse l’être quand on s’appelait Adrian Ryeo, il va de soi ! Bref… il supposait que la soirée allait être ennuyante et ponctuée de rencontres désagréables. Heureusement, il ne connaissait pas le gratin de la société vampirique de Séoul. Ça limitait les risques.

À force de grognements, Adrian revêt son uniforme. Un truc militaire. Pour être sincère, il avait oublié l’époque… mais assez moderne pour qu’il puisse réutiliser les pièces. Il n’était pas pauvre, mais il détestait gaspiller de l’argent, surtout sur un costume idiot. Un peu de khôl sous les yeux pour le style, les cheveux soigneusement décoiffés, une dégaine sûrement un peu trop badboy pour aller avec le côté militaire du costume… et il est fin prêt. Non sans ajouter une touche de ce parfum un brin huppé et indéniablement masculin qu’une de ses ex lui avait offert et duquel il s’était entiché, laissant pour de bon les trucs bon marché genre Axe dans le placard. C’est sur le dernier « pssht » de son parfum qu’on frappe à la porte. Il est surpris, mais suppose que Hyo Jin a oublié un truc ou a besoin de motivation supplémentaire pour aller au festival. Il venait frapper à la mauvaise porte…!

Sauf que non. Quand il ouvre, c’est pour tomber sur une très belle demoiselle. Oh, il s’en souvenait… Evelyn. Elle et lui, ça avait été une nuit. Très sympa, mais Adrian était généralement très clair, histoire de ne briser le cœur de personne. Ou peut-être pas assez…? C’est sûr qu’il prenait les choses un peu comme elles venaient. Mais là, même si elle semblait fin prête à aller au festival elle aussi, Evelyn était toute… bouleversée ? Pas le temps de l’ouvrir qu’elle le fait. Il recule d’un pas, arquant les sourcils. Eurk…? Il savait qu’il fallait faire pipi sur ce machin ! Par contre quand elle lui montre un papier, il débloque un peu. Tout bleu ?

« Ouais. J’ai vu. J’suis pas daltonien… », marmonne Adrian tout en louchant sur le petit objet. Son regard passe du test de grossesse à Evelyn… et il devient tout silencieux. Pardon ? Enceinte ? De lui ? « T’es sûre que c’est de moi ? »

Ben quoi…? Il ne devait pas être le seul à s’amuser avec plusieurs partenaires, non…? Et certainement pas le seul de ses partenaires à pouvoir faire de la magie ! Mais pas méchant et certainement pas irresponsable même si on aimait parfois lui coller cette étiquette à tort, Adrian fait un nouveau pas vers l’arrière. Pas pour claquer la porte qu’il tient toujours d’une main, toutefois.

« Entre. », invite-t-il d’un geste de la main. « Apparemment, faut qu’on cause… »

De toute évidence, oui. Une longue discussion qui allait probablement lui faire espérer être plutôt au festival. Ironique, pas vrai ? Lui qui cherchait presque une façon de s’en tirer… Mais il n’aurait jamais laissé Eve sur le porche, même si le fait qu’il soit bientôt père n’ait pas encore fait son chemin jusqu’à son cerveau ! Elle était de toute évidence bouleversée. Ça se faisait pas de laisser une lady sur le pas de la porte, surtout pas quand elle était dans cet état.

Difficile de dire à quoi est-ce qu’Evelyn s’était attendu exactement en débarquant. Elle avait peut-être profité de l’excuse de la fête… Comme ça, s’il lui avait claqué la porte au nez ou s’il l’avait plus délicatement renvoyé chez elle, elle aurait pu sauver la face en se disant que de toute façon elle n’était venue que « pour faire un saut ». Pour « le tenir informé » et qu’après « ce qu’il en pensait elle s’en fichait ». Sauf que bon… On était quand même loin du compte dans la réalité et Eve ne s’en fichait pas le moins du monde…

Ils restent un instant à se regarder en chien de faïence alors qu’Adrian ne semble pas percuter du tout à propos du test de grossesse tout bleu. Par chance elle s’était fait plus direct, histoire de « toucher son public » et à la question qu’il pose, Eve a un air un peu insulté qui doit parler pour elle !

« Evidemment que j’en suis sûre ! Tu crois que je couche avec tellement de personne que je pourrais avoir des doutes ? Non... Ne répond pas, je préfère ! »

A ce stade elle se demandait à quoi ressemblait la vie perso d’Adrian pour qu’il y songe hein ! Elle préférait ne pas savoir… C’était une chose d’être une « one night » d’un commun accord… Une autre de se sentir comme une statistique au milieu d’une foule d’autres !

« C’est toi. Ça ne peut être que toi. »

Il n’y avait eu personne depuis lui et il n’y avait eu personne dans les semaines précédentes non plus. Son assurance était béton à ce niveau. Et si Eve craint qu’il ne se permette de lui assurer que lui ne pouvait pas en être si sûr pour l’inviter à partir comme une malpropre, elle est surprise de le voir au contraire faire un pas en arrière pour lui laisser la place de passer. Pendant une petite seconde elle ne bouge pas… Avant de finalement se faufiler tant que l’offre tenait toujours, dans un nuage de parfum et de paillettes. D’ailleurs, quand même, et bien que ce n’était peut-être pas le moment rêver de le dire :

« Joli costume. »

Visiblement il comptait se rendre à la fête lui aussi. Ça lui allait vraiment bien même si ça ne reflétait pas du tout sa personnalité ! Eve vise une table et des chaises pour aller se laisser tomber dessus. Elle se sentait à nouveau perdue, un peu comme quand chez elle elle avait découvert les résultats du test fait sans grande conviction… Ou quand elle avait eu confirmation avec les analyses sanguines.

« Tu as… Un chocolat ? »

Elle avait failli demander quelque chose d’un peu plus fort ! Mais Eve était sage et responsable lorsqu’il le fallait, malgré sa capacité à tout envoyer en l’air de temps en temps pour s’amuser !

« Ou un jus d’orange. Je veux bien un jus d’orange en fait. »

Evelyn pouvait faire sa girouette et ce n’était probablement même pas encore la grossesse qui la poussait à l’être… Autant dire que ça promettait pour les prochains mois hein ! Oui parce que… Puisqu’Adrian voulait en parler, elle préférait le prévenir tout de suite :

« Je ne compte pas avorter. »

Elle se mordille la lèvre inférieure avant d’ajouter :

« Cette idée est trop dur pour moi. »

Ce disant elle passe inconsciemment une main sur son ventre, comme pour protéger ce petit bout de rien du tout de la réaction d’Adrian.

« Je sais que ça ne sera pas facile… Et je vais me mettre sous crysalis à partir de maintenant. »

Elle avait l’air assurée et d’y avoir beaucoup réfléchit mais s’il y avait effectivement beaucoup de réflexion sous tout ça, Evelyn était beaucoup moins sûre d’elle qu’elle n’en avait l’air.

« Je ne te demande rien… »

Même si bon, une petite partie d’elle-même préfèrerait ne pas avoir ce bébé seule, il va sans dire. Adrian n’avait peut-être pas l’air d’un bon père pour n’importe quel quidam… C’était un rebelle qui cumulait des emplois tous plus dangereux les uns que les autres en plus… Mais ça restait une éventuelle présence paternelle…

« Mais j’allais pas te le cacher non plus. »

Qui sait si Adrian ne voudrait pas quand même connaître son fils ou sa fille ?

Le regard d’Eve se pose à nouveau sur Adrian. Elle le voyait différemment un peu… C’était d’avoir ce « petit morceaux de lui » au creux de ses reins et là clairement ça n’avait rien de sexuel. Pas directement en tout cas. Mais il était toujours aussi beau, grave avec ses lèvres étroites, ses sourcils épais froncés et l’amande très étirée de ses yeux. D’ailleurs, avoir un sourire spontané, elle avoue :

« J’espère que ce bébé aura tes yeux. »

Elle y avait succombé alors elle aurait été mal avisée de prétendre qu’elle ne les aimait pas… !

Adrian arque les sourcils alors qu’il a droit à une Evelyn insultée soudainement. Il lève ses mains, comme pour montrer patte blanche alors qu’elle s’énerve déjà. Est-ce que c’était DÉJÀ les hormones qui la travaillaient ? Putain, ça allait être compliqué, cette histoire. En plus, il était encore sous le choc. Son cerveau n’avait pas eu le temps d’assimiler correctement ce qui était en train de se passer et, surtout, les conséquences que ça allait avoir à long terme sur sa vie de célibataire endurci sans responsabilités…!

« Wow wow wow…! », s’exclame Adrian, histoire de lui signaler qu’il fallait se calmer un peu, là ! « Eh, désolé. J’pensais qu’on n’était plus à l’ère misogyne qui reprochait aux femmes leur vie sexuelle. T’inquiète, la prochaine fois, j’vais pas te traiter d’égale à égale. Putain… »

Les femmes ! Elles réclamaient à corps et à cri l’égalité en tout avant de finalement crier au scandale quand on le leur donnait ! Au cas où elle n’aurait pas compris, il n’y avait pas de jugement dans sa voix ! En tout cas, ils n’avaient pas les mêmes valeurs, de toute évidence. Ça commençait vraiment bien !! Lui était tout sauf vieux jeu… Bref. Il soupire. Il la croyait quand elle lui disait qu’il était à lui, c’est bon… C’est juste que…

« J’aurais été con de pas poser la question. Mets-toi dans mes chaussures. », fait remarquer Adrian. Il ne la laisse toutefois pas sur le pas de la porte. Ça n’avait jamais été le plan, toute aussi mauvaise soit la surprise. Il a un regard pour son costume. Ils parlaient chiffon, maintenant ? « Merci. »

Sur ce, il lui fait signe de le suivre, qu’elle entre dans son appartement. Il y avait bien des trucs qui traînaient, mais c’était propre. Il était célibataire, pas dégoûtant. Elle lui demande un chocolat… et il est surpris. Il s’attendait à tout sauf ça.

« Heu, peut-être que mon frangin en a laissé dans l’armoire… », marmonne-t-il, déjà prêt à aller voir. Mais soudainement, changement de plan et Adrian se mordille la lèvre inférieure. Oh Seigneur. Il n’était pas complètement idiot. Il voyait bien ce que ça promettait ! « Tu devrais aller t’assoir dans le salon. J’arrive. »

Sur ce, il disparaît à la cuisine. Il s’appuie un instant contre le comptoir, devant l’évier, prenant une profonde inspiration. C’est que la terre tournait un peu, là… C’était bien la première fois qu’il ne profitait pas entièrement de la présence d’une belle femme près de lui. Mais soudainement, Evelyn n’était plus juste une belle femme… Elle n’était apparemment pas allée au salon néanmoins. Il ne pouvait pas le lui reprocher. Elle avait sûrement beaucoup de choses à lui dire. Et justement… elle commence par un truc auquel il avait forcément pensé. Mais pas sûr qu’il aurait osé le demander, en vrai…

Il ferme les yeux, poussant un petit soupir. Bon. Alors qu’elle lui assure ne rien vouloir de lui, Adrian l’interrompt.

« J’vais payer la moitié de ta Crysalis. », déclare-t-il sur un ton qui ne souffrait pas la réplique. Il a un petit regard pour elle. Ou plutôt pour la main délicate qui s’était posée sur le ventre encore plat, pur réflexe qui lui donne un peu le tournis tout en lui faisant réaliser qu’il était probablement face à une mère chatte, déjà. Il opine ensuite. Ne pas le lui cacher. Brillante idée. Un plan pour qu’il se retrouve 16 ans plus tard avec un ado en crise qui toque à sa porte sans jamais l’avoir vu avant, ni même savoir qu’il existait. « Merci. »

Sur ce, il se redresse finalement pour prendre un verre et aller au frigo. Il ouvre la porte, prend le jus d’orange qu’il buvait scrupuleusement à tous les matins et en verse un verre.

« J’espère que t’es pas déjà rendu au stade où la pulpe te dégoûte ou un truc du genre. », lance-t-il à la blague. D’ailleurs, quand il s’approche d’Evelyn pour lui tendre son verre, il a un petit sourire en coin. Il essayait de détendre l’atmosphère. Ils s’observent un moment… et soudainement, il a droit à un compliment. « C’est toi qui dis ça. »

Ce bébé n’aurait pas souffert d’avoir ses yeux à elle, hein…

« Sérieux. Vas t’assoir au salon. T’en as besoin. T’es pâle comme un linge et tu trembles. »

Sur ce, Adrian saisit doucement mais fermement le bras d’Evelyn pour la traîner jusqu’au salon où il l’invite à se poser dans le canapé. Il attrape un fauteuil léger qu’il tire pour être un peu plus près et s’y assoie. Il avait quand même besoin d’une petite distance, encore.

« J’ai peut-être pas la réaction que tu voudrais… mais j’suis sous le choc. »

Il n’y avait pas que la demoiselle concernée par une grossesse surprise qui pouvait l’être. Surtout quand ils ne formaient pas un couple… Quel casse-tête !

« Mais… Ca n’a rien à voir… ! »

Ce n’était pas une question de misogynie ni rien de ce style. Du moins Evelyn ne le voyait clairement pas comme ça ! Certes il avait à cœur -de manière négative- le fait qu’un homme soit si facilement un Don Juan là où une femme ne serait jamais qu’une « Marie-couche-toi-là » pour parler sans insulter. Mais là… Bref, là n’était pas vraiment le sujet au final et pour conclure, Eve assure :

« Je ne serais pas venu te l’annoncer comme ça si je n’étais pas sûre. »

Ca lui avait déjà pris tout son petit change en l’étant… C’était plus difficile qu’on ne l’imaginait que d’aller annoncer à un coup d’une nuit qu’il vous avait laissé une surprise de ce genre ! Elle acquiesce néanmoins dans un petit soupire pour ce qui était de poser la question et de l’importance que ça revêtait pour Adrian. Disons qu’ils étaient deux chats un peu échaudés même si aucun d’eux ne semblait sur le point de feuler à proprement parler quoi.

Evelyn boude le salon… Ou plutôt la suggestion d’Adrian la survole un peu sans l’imprégner. Elle le suit, spontanément. Maintenant qu’elle lui avait dit pour sa grossesse, elle avait égoïstement un peu envie de se raccrocher à lui en mode bouée. Pas forcément toujours… Mais juste ce soir au moins, le temps de pouvoir arrêter de surnager pour prendre le temps de prendre quelques grandes inspirations.

Elle sait qu’elle a vraiment pris la bonne décision lorsque non content de simplement la remercier pour l’avoir tenu au courant, Adrian décrète sur un ton qui ne lui permettait aucune opposition qu’il paierait la moitié de sa Crysalis.

« D’accord. Merci. »

Eve n’avait pas les moyens de se passer d’une offre aussi généreuse. Et puis c’était sans doute une façon pour Adrian de passer sur sa décision de garder ce bébé sans faire opposition. Bien des hommes essayaient de mettre la pression sur les femmes qui se retrouvaient enceintes d’eux… Ca ne semblait même pas traverser l’esprit de l’homme en face d’elle et sincèrement, malgré ses airs de badboy et d’ours mal léché, ça en disait long sur l’homme bien avec lequel elle avait si passionnément fait l’amour !

« Ma famille va flipper. »

Devenir mère sans être mariée, c’était pas dans les grands projets de la famille en théorie. Après elle ne pensait pas qu’ils la jugeraient sévèrement. La plupart allait même probablement se réjouir pour elle mais ils ne feraient que taire leur inquiétude de la savoir future mère célibataire quoi. Il allait falloir qu’elle voit aussi comment ça allait se passer pour le boulot. Sa chance c’est qu’elle pourrait sûrement travailler pendant toute sa grosses ou presque. Bref. Adrian la ramène à la réalité et elle rit en assurant :

« Non, j’aime ça. Je crois pas avoir grand-chose de changer pour le moment. Enfin... »

Oui si quand même, une chose :

« Depuis une semaine j’ai envie de pamplemousse. Mais genre… Tout le temps. Je pourrais ne manger que ça. Il n’y en avait pas chez le primeur hier et j’ai éclaté en sanglots... »

Maintenant qu’elle en parlait ça semblait ridicule mais la veille elle s’était sentit tellement triste ! Par chance elle en avait trouvé en supermarché, un peu plus loin. Mais à cette période de l’année c’était pas l’idéal pour le pamplemousse et pas donné non plus… !

Adrian la complimente à son tour… Puis l’encourage encore davantage à aller s’asseoir, ce qu’elle fait finalement, le remerciant d’un sourire et de quelques mots à peine murmurés. Non vraiment, en plus de ne pas la mettre dehors, Adrian se montrait très prévenant et n’expédiait pas la conversation. Evelyn va donc s’asseoir sans protester, ne le lâchant pas des yeux tandis qu’il la rejoint, pas proche mais pas éloigné non plus. Elle trempe ses lèvres dans le jus, en apprécie autant le sucré que la légère amertume…

« En fait tu as une meilleure réaction que ce que j’avais osé espérer. »

Elle marque une pause avant d’admettre :

« Pas que je pensais que tu me hurlerais dessus ni rien du genre hein. Mais je pensais qu’on aurait cette conversation sur le palier et qu’elle serait plus courte. »

Alors franchement, il marquait plus de points qu’il n’en perdait. Il restait beau, digne… Ca lui faisait un petit pincement au cœur malgré tout ! Ce n’était pas « de l’amour » dans le plus pur sens du terme. C’était une attraction qui avait été là dès les premiers instants de toute façon, sans quoi leur nuit n’aurait jamais eu lieue.

« De toute façon tu n’es pas obligé de me dire ce que tu veux faire tout de suite. »

Participer à la vie de cet enfant à naître ou pas…

« Tu as le temps de réfléchir. Bon c’est vrai que j’aimerais que tu te décides avant la naissance mais sinon… ! »

Elle rit un peu, quoi que ça sonne un peu faux. Elle tentait à sa façon de détendre l’atmosphère.

« Lorsque ce sera possible je compte demander le sexe. Si d’ici là tu t’es décidé sur ce que tu veux faire et que tu veux être dans sa vie, je suppose qu’on pourra se disputer un peu sur les prénoms éventuels… ! »

Evelyn taquinait là encore même si clairement le concept du choix du prénom était souvent une bataille âpre dans les foyers !

Adrian ne comptait pas dire à Evelyn ce qu’elle devait croire ou pas concernant la misogynie parce qu’il risquait vraiment de se prendre une claque sur la joue à un moment ou à un autre. Il n’en pensait toutefois pas moins et le sourcil qu’il prend soin de soulever est sûrement suffisant pour le montrer ! Quant à sa certitude, il n’en dit toujours rien mais franchement… comment pouvait-il le savoir ? Il avait connu son lot de cinglées qui ne respectaient rien et sautaient trop vite aux conclusions. Il ne la connaissait pas personnellement, même si plus que s’ils s’étaient rencontrés une seule fois, il allait sans dire. Bref… tourner les talons lui semble être une bonne façon de clore le sujet une bonne fois pour toute. Ça l’énervait juste un peu, dans l’état. Mais c’était toute cette situation qui les énervait de toute évidence tous les deux.

Adrian était assez peu émotif pour se détacher un peu de ses sentiments et garder son calme et il l’applique présentement. Ça pourrait les aider à y voir plus clair… non ? Peut-être qu’il était le cliché du père de famille qui gardait son calme peu importe la situation, histoire de faire face pour sa famille. Ironique, dans ce cas. Peut-être que sans le savoir, Evelyn se repose un peu là-dessus, d’ailleurs. Parce qu’elle n’insiste pas et accepte donc qu’il fournisse la moitié de sa Crysalis. Bien. Adrian lui fait signe d’attendre. Il va jusqu’à sa chambre, fouille dans un tiroir, puis en tire une fiole de Crysalis toute fraîche. Il l’avait achetée très récemment, au cas où. Mais bon, voilà… Elle allait en avoir plus besoin que lui. Sur ce, il revient dans le salon, la lui tendant.

« Tiens. Si tu n’en avais pas ce soir… », explique-t-il simplement en lui tendant l’injection type ÉpiPen. Quant à sa famille, il comprenait. Enfin… Disons qu’il savait un peu à quoi s’attendre d’une famille… Moment de silence… Et plus trop sûr, il demande : « Ta famille est… Chinoise, c’est ça ? Est-ce que tu penses qu’ils vont quand même l’accepter ou alors… »

Il essaie de rester impassible, mais il imagine déjà un vieux Chinois venir lui demander d’épouser sa fille pour sauver l’honneur et ce n’est clairement pas son image préférée, présentement ! Par contre, cette histoire de pamplemousse ne lui donne pas trop confiance !

« Tu as déjà des épisodes de craving…? », demande-t-il, se demandant si ça allait fatalement être de pire en pire au fur des prochains mois. « J’ai toujours du pamplemousse dans le frigo si jamais, heu… »

C’était bizarre d’offrir du pamplemousse à une invitée si tard le soir, disons ! Mais ça lui arrache finalement un petit sourire en coin. Quelle situation étrange. Et flippante.

« Je t’en donnerai avant que tu partes… »

C’était pas grand-chose. Il pouvait bien faire ça, même si c’était étrange. Il est surpris par contre. Parce qu’apparemment, entre eux, la situation avait vraiment désamorcé rapidement. Voilà qu’alors qu’ils se posent dans son salon, Evelyn lui assure qu’il avait une bonne réaction. Eh bien… il ne s’attendait vraiment pas à ça… Mais c’était pas plus mal.

« Je vais être franc : j’ai pas encore tout réalisé et le choc est pas passé. », avertit-il, histoire qu’elle ne soit pas surprise quand son comportement aura un peu changé. « Mais bon… J’suis pas de ces cons qui croient que c’est une erreur que la fille fait seule, c’est sûr… Même si ce serait plus facile comme ça pour moi. »

Mais pas pour elle, hein ? Il acquiesce ensuite, ne répondant pas tout de suite. Ça allait venir. Mais il voulait prendre un peu de temps pour mûrir sa réflexion. Juste… pour réfléchir. Encaisser. Aller se défouler au club de boxe pour se vider la tête et se crever le corps. D’ailleurs, il a un regard pour sa paire de gants qui traîne dans un coin. Ou aller buter quelques vampires. Ah merde…

« Okay, on en reparlera. Heu… Eve…? »

Son regard quitte la paire de gants de boxe pour se poser sur la belle et délicate jeune femme, toute apprêtée pour aller à ce festival qui semblait de plus en plus stupide et futile au fil des minutes. Il se sentait désespéré et en même temps, il avait terriblement besoin de garder le contrôle. Mais là, c’est autre chose qui devait être dit…

« Tu sais déjà que je bosse comme videur dans une boîte de nuit et que je fais des courses de moto pour arrondir les fins de mois, hein ? », demande-t-il, pour être sûr qu’elle savait cette part de danger que sa vie représentait. Il observe un moment la demoiselle… puis demande : « Tu en sais plus que ça… ou c’est tout ? »

Il ne savait pas trop comment la lui annoncer, celle-là… Le fait qu’il chassait aussi le vampire pour combler les trous… Ça la concernait, maintenant. Elle pouvait être une proie pour l'atteindre lui. Heureusement... il n'avait pas de nombreux ennemis. Il chassait intelligemment. Que les vampires vraiment problématiques. Dangereux. Mais il ne devait pas en laisser filer un seul, quoi...

La tension, même si elle se fait parfois palpable, n’éclate pas. Bonne ou mauvaise chose, il n’y a que les prochaines minutes qui semblaient pouvoir le dire. Evelyn ne misait néanmoins pas tout sur cette tension. Elle était essentiellement là parce qu’elle venait de mettre Adrian au pied du mur. Toutefois l’accuser entièrement aurait été trop facile : elle aussi s’était retrouvée au pied du mur devant son test de grossesse… Puis devant les résultats de sa prise de sang. Par chance Adrian, même s’il n’avait pas l’air d’avoir beaucoup de sagesse dans le corps, faisait preuve de beaucoup de retenu. Et dans le fond, elle savait qu’il la respectait non seulement en tant que personne mais aussi en tant que femme. Il l’avait prouvé, même s’ils avaient eu du mal à se comprendre.

Adrian disparaît un instant et Evelyn sirote son jus de fruit. A grossesse était récente, un mois et quelques jours, quelque chose comme ça… Et pourtant il lui semblait déjà que certains de ses goûts étaient modifiés oui ! Les jus de fruits avait une place prédominante chez elle dernièrement et s’il en manquait dans son frigo c’était une catastrophe ! Bref… Son amant d’une nuit revient, epipen de Crysalis en main, lui en faisant cadeau sans sourciller.

« Tu es sûr de toi ? J’ai accepté ta proposition mais je culpabiliserais de te retirer ta dose de ce soir tout de même... »

Elle s’en saisit néanmoins, qu’il ne reste pas là à la lui tendre, prête à la lui rendre néanmoins donc. Par contre elle trouve ça mignon malgré tout de voir Adrian tenter de mettre des angles tout en posant sa question de façon brute finalement !

« Tu veux savoir s’ils vont te pousser au mariage ? »

Eve ne pouvait pas ignorer qu’Adrian était un « être libre » et c’était aussi ça qui l’avait séduite chez lui hein !

« J’ai envie de me marier un jour, mais avec un homme qui m’aime, pas quelqu’un qui s’y sent obligé. Alors même si je pense que mon père tentera de me pousser un peu, il n’y aura rien de formel. »

Qu’il se rassure donc.

« Ma famille reste très ouverte et très américanisée. Mon père est vieux jeu mais pas au point de me renier. Et quand bien même... »

Elle soupire, préférant ne pas songer à ce genre d’extrême.

« Je suis une femme indépendante. »

Et elle était prête à élever cet enfant seule. C’était clair dans sa tête et ses airs déterminés devaient bien le démontrer. Adrian la distrait avec une question et à bien y réfléchir, elle convient :

« Je suppose que le pamplemousse en fait partit. Ha et les jus de fruit. »

Evelyn réfléchit encore… Mais à l’heure actuelle c’était là les deux seules choses réellement nouvelles dans sa vie lui semblait-il.

« Je n’ai pas trop de nausées. Le matin un peu au moment de me brosser les dents... »

Elle espérait que ça ne dégénère pas… Mais elle s’était renseignée : paraît que dans la plupart des cas les nausées s’arrêtent d’elles mêmes après quelques mois ! Si on pouvait au moins lui épargner ça hein… Quant aux pamplemousses justement ça la fait rire mais bon :

« Je compte bien profiter de la soirée et m’amuser tant que je vois encore mes pieds sans trimballer un pamplemousse partout ! Mais je te remercie… ! »

Enceinte peut-être… Mais Evelyn ne comptait pas devenir une nonne du jour au lendemain ! Elle était encore capable de s’amuser et de profiter de sa jeunesse. Peut-être même de son corps tant qu’il n’était pas déformé hein ! Bon évidemment elle n’y mêlerait juste pas l’alcool quoi.

« Tu y allais aussi je vois. Avec Hyo Jin ? »

Elle connaissait mal le « frère » d’Adrian. Surtout de nom en fait. Mais elle savait qu’ils étaient vraiment très proches alors bon. Quoi qu’il en soit elle acquiesce à la suite, admettant de toute façon :

« Tu sais pour moi aussi y a encore une part de choc. Je m’attend pas à ce que la foudre divine t’imprègne en une nuit. »

La chinoise lui était néanmoins reconnaissante de ne pas lui mettre sur le dos une erreur de contraception ou quelque chose dans ce style. Comme Adrian le disait : ça aurait vraiment été facile de le faire puis de lui tourner le dos.

Et si Eve essayait de dédramatiser la situation, l’air grave que possède Adrian à ce moment là lui fait perdre son sourire. Pas pour de la tristesse ni rien du genre… Juste de la gravité elle aussi. Adrian était le genre à se laisser vivre, sans perdre de vue l’essentiel… Mais elle l’avait déjà vu grave une fois ou deux… Et elle savait que ça méritait son attention. C’était fou l’expressivité de son regard dans ces moments.

Elle acquiesce à propos du boulot d’Adrian ainsi que de son hobby nocturne. Elle savait tout ça oui. A la suite elle reste silencieuse par contre, dévisageant simplement Adrian comme si son regard avait pu le pénétrer et le dépouiller de tout pour lire en lui comme dans un livre ouvert. Mais ce genre de pouvoir de maman ne marche que sur les enfants… Ou les p’tits frères ! En tout cas elle convient :

« J’ai entendu des rumeurs... »

Pendant les courses justement. Elle avait vu Adrian concourir quelques fois. C’était même une de ces fois là, juste au moment de son arrivée dans le pays, qu’elle s’était laissée aller à un peu de plaisir entre ses bras.

« Mais je crois que ce serait plus sain si c’était toi qui m’en parlait… ? »

Elle avait entendu parler de chasse, de vampires… Est-ce qu’il y avait du vrai ? Ou est-ce qu’Adrian allait lui parler de complètement autre chose ?

Adrian acquiesce alors qu’elle lui demande s’il est sûr pour la Crysalis. Il insiste donc silencieusement, lui tendant à nouveau le crayon-injecteur. Elle en avait plus besoin que lui. Et de toute façon, il n’était pas entièrement démuni… ni ne comptait sortir chasser ce soir. Ça aurait été de mauvais goût, la nuit du centenaire, quoi… Il avait des principes, mais si on n’aurait pas dit au premier regard !

« Je sais où m’en procurer rapidement. », assure-t-il. Il ne parlait pas de vente au noir, hein. Mais il avait des contacts qui pouvaient sortir les réserves en échange d’un petit graissage de patte réglementaire. « De toute façon, je n’en ai pas besoin ce soir. Je m’injecte quand j’en ai besoin. Ça devrait être calme cette nuit. Enfin… ne traîne pas dans les mauvais quartiers. »

Il ne pouvait jurer pour Geumcheon, par exemple… Il grimace un peu ensuite, Evelyn voyant de toute évidence clair dans son tact maladroit. Oui, voilà. Le mariage. Enfin, ils ne pourraient clairement pas le convaincre. Mais, il n’avait pas envie d’avoir cette conversation avec un Chinois traditionnaliste qu’il ne connaissait pas ! Ni que ça retombe sur Eve par la suite, c’est sûr…

« Ouais. Quelque chose du genre… », marmonne-t-il donc en levant les yeux au ciel. Mais les nouvelles sont rassurantes, même si pour le moment il ignore le fait qu’Evelyn lui parle de sa propre vision du mariage parce que pour le coup, il se sentait très loin de ces considérations et en même temps trop près d’une manière bien effrayante à cause de ce bébé qui les unirait à vie, quoi qu’il en dise pour le moment. « Ok. Cool. Parce que c’est pas non plus dans mes projets de me marier à cause d’un enfant… Ce serait même pas rendre service à cet enfant-là, de toute façon. »

C’était mieux de vivre entre deux foyers heureux que dans un foyer triste et tous les conservateurs du monde ne sauront le faire changer d’avis à ce sujet. Il pose son coude sur l’accoudoir de son fauteuil, puis son poing contre sa mâchoire pour retenir sa tête tout en observant Eve, qui semble perdue un peu dans ses pensées à propos de la réaction de sa famille.

« Comme tu en parles, ça devrait aller. Et tu vas sûrement avoir l’appui de tes deux millions de frères et sœurs… C’est pas toi qui a plein de frères ? », demande-t-il, juste pour être sûr de se souvenir des bons renseignements. Ils n’en avaient même pas reparlé en Corée. Ça remontait à Los Angeles, cette information. Alors il se trompait peut-être. Il grimace un peu à propos des lubies de femme enceinte qui arrivaient déjà. Il savait que certaines n’en avaient pas. Il se doutait que celles qui en avaient si tôt allaient être atroces par contre ! « Bon… Tu pourras m’appeler quand tu as envie d’un truc et que tu peux pas te le procurer. C’est mieux que de sortir en pleine nuit. »

Lui était armé pour le faire. Pas elle ! Il ne pensait même pas qu’elle avait une voiture. Il acquiesce pour les nausées, ne sachant trop quoi ajouter à ce sujet. Ça lui semblait tellement tôt, tout ça ! Il a un petit sourire amusé ensuite. Ok, en effet. Traîner un pamplemousse en soirée, ce n’était pas génial génial !

« Pour l’alcool… », commence-t-il. Il croise son regard et se tait. Il ne voulait pas encore une fois se faire taper sur les doigts, mais bon ! Elle devait arrêter complètement l’alcool techniquement !! « Ben, tu sais quoi faire. Juste, je voulais être sûr là… »

Il ne la connaissait pas si bien que ça et ne savait pas trop à quel point elle était responsable… ou pas. Il acquiesce ensuite brièvement pour son frangin de cœur parce que oui, c’est lui qui le traînait là-bas.

« Il devrait débarquer bientôt. Mais je pense que c’est moi qui vais aller le chercher. Il doit être sur son pc, à moitié fringué. », explique Adrian tout en levant les yeux au ciel. Il ne comprendrait jamais les geeks ! Au moins comprend-t-elle pourquoi il est sous le choc. « Ça va aller. On n’est pas les premiers à qui ça arrive… On va s’en tirer nous aussi. »

Ça lui semblait important de remettre ça en perspective un peu, quoi ! Il y avait des personnes pires qu’eux qui s’en tiraient très bien après une grossesse surprise… alors pourquoi pas eux ? Même si ce n’était clairement pas dans ses projets. La suite lui arrache un petit soupir. Apparemment, les rumeurs couraient. Mais on ne pouvait jamais savoir si elles étaient vraies avant d’avoir confirmation, n’est-ce pas ?

« Je chasse les vampires. », déclare-t-il donc sans tourner autour du pot. « Je ne compte pas arrêter. »

Que ce soit clair…

« Mais si tu as des questions, je vais y répondre. »

Parce que ce n’était pas un tabou. Et moins on parlait d’un sujet, plus il avait un potentiel inquiétant. Alors il voulait tout mettre au clair si nécessaire.

Ouais. Joe la débrouille quoi ! Evelyn préférait ne pas trop demander. Dans tous les cas elle ne jugeait pas et en cas de besoin elle saurait éventuellement se souvenir de cette information ! Pas qu’elle soit une gratteuse de base mais bon… Parfois elle aussi avait besoin de passer par les systèmes parallèles. Comme on dit : il ne faut pas dire « Fontaine, je ne boirais jamais de ton eau ».

Evelyn vient donc décapuchonner toute de suite l’épipen… Et prenant le temps de baisser son vêtement le long de son épaule, elle vient en presser l’embout contre sa peau avant d’appuyer à l’autre extrémité. Elle a un petit sursaut en sentant la brève piqûre puis la chaleur qui se répand dans son bras.

« Je n’ai lu aucune contre-indication bizarre sur internet au sujet de la Crysalis en cas de grossesse. »

Et elle espérait qu’il n’y en aurait jamais… Parce qu’elle était conscience qu’à l’échelle d’un vaccin de ce genre, 100 ans, soit trois générations environs, c’était le minimum de recul qu’il fallait pour se faire un avis sur certains trucs.

« Même les antivax savent que le terrain est glissant je suppose... »

Parce que bon… Les risques de ceux qui n’en utilisaient pas étaient parfaitement avérés hein… Les seules revendications qu’on trouvait à ce sujet étaient généralement vampiriques, pour des raisons logiques…

« Pour les mauvais quartiers j’habite Geumcheon… Mais je suis prudente. »

En tout cas ils sont sur la même longueur d’onde à propos du mariage par obligation ! Eve rit un peu, mi-sincère mi-songeuse, alors qu’elle assure :

« Je ne t’imagine pas te marier un jour. Tu respires la liberté et l’indépendance. C’est aussi ce qui m’a séduite chez toi. »

Du coup elle ne pouvait pas réellement cracher dans la soupe aujourd’hui hein. Mais ça allait, elle était plutôt sereine avec ça. De toute façon Adrian devait se douter qu’elle n’avait pas couché avec lui pour sa conversation ou son avis sur la paix dans le monde. Ils ne se connaissaient clairement pas assez pour ça !

Evelyn a un nouveau rire alors qu’Adrian se figure sa famille comme très riches au niveau du nombre des membres ! Elle acquiesce toutefois, convenant :

« J’en ai quatre. Tous plus jeunes ! »

Quelque part, ça donnait sûrement un bon indice sur les raisons de son côté maternel précoce pour cette grossesse. Et si elle en avait facilement tous les symptômes, c’était peut-être aussi parce qu’il n’y avait aucun dénie à ce sujet chez elle ! Son rire continu de résonner dans l’appartement de son amant d’une nuit tandis qu’il se montre prêt à jouer un peu les chauffeurs-livreurs !

« Wouha ! Gagnant de courses de rue nocturne ET chauffeur-livreur pour les femmes en manque de pamplemousse alors ? Je suis impressionnée par toutes ces casquettes ! »

Eve a un petit clin d’œil charmeur, parce que ça avait toujours été un peu son attitude… Mais à propos de l’alcool elle lève les yeux au ciel.

« Je n’y touche pas. Et pourtant je crève d’avoir un daikiri fraise… ! »

Sans boire régulièrement, Evelyn aimait à prendre un verre de temps en temps. Le daikiri à la fraise c’était sûrement son truc préféré même si elle n’était jamais contre un mojito ! D’ailleurs :

« Ou un mojito ! En vrai, je kifferais une bière aussi… ! »

Elle vient prendre une grande gorgée de jus de fruits, comme si ça pouvait faire passer son envie d’alcool.

« Je n’ai même plus le droit au poisson cru. Je peux tirer une croix sur plein de laitage, la charcuterie et même les graines germées... »

Qu’elle aimait particulièrement en salade pour les dernières genre soja ou lentilles. Bref… Evelyn fait une petite moue, cherchant un peu l’apitoiement d’Adrian pour elle ! Elle n’en rajoute pas à propos de Hyo Jin néanmoins, se renseignant tout de même :

« Vous m’y déposeriez ? »

Ca l’arrangerait.

« En plus j’ai pris un billet pour la loterie. Toi aussi ? On ne sait jamais ! 100 % des gagnants ont joués, comme on dit. »

Elle acquiesce en tout cas alors qu’Adrian relativise et remet leur situation à plat. Et franchement :

« Je ne suis pas si inquiète en réalité. Enfin j’ai plein d’angoisses en tout genre oui... »

C’était normal ! Mais sincèrement :

« Mais avec du recul, j’aurais eu les mêmes si on avait été un couple très amoureux. »

Alors rien de vraiment inhérent à leur situation. Enfin bien sûr à la suite son angoisse-o mètre fait un bond. Elle se sent un peu fébrile et rapidement Evelyn vient s’adosser dans le canapé, non sans vider d’une traite le restant de jus de fruits. Elle opine pour sa détermination à poursuivre cette activité comme à cette histoire de questions… Et de fait :

« Tu faisais déjà ça en Californie ? »

Et puis aussi :

« Ca fait combien de temps ? »

Elle se montre un peu soucieux alors qu’elle demande encore :

« Tu as déjà été blessé ? Grièvement ? »

Puis bon… Parce que les chasseurs avaient cette image :

« Tu chasses tous les vampires ? Sans aucune distinction… ? »

Il y avait un peu de jugement dans sa voix malgré elle. Parce que clairement, elle n’en était pas à ce point de l’acceptation de tout !

Adrian a la tête de l’homme qui n’avait même pas songé qu’il puisse avoir de contre-indication sur la Crysalis pour les femmes enceintes. Ce n’était pas si étonnant que ce genre de considération lui passe à six pieds au-dessus de la tête pour le moment… mais ça lui faisait réaliser qu’il y avait probablement au moins un millier de trucs auxquels il n’avait pas pensé pour le moment et qui ne lui viendraient pas naturellement. Ça lui arrache un petit soupir. Le casse-tête ne faisait que commencer !

« J’en ai aucune foutue idée… », admet-il tout en grimaçant un peu devant sa propre innocence à ce sujet. Quant aux antivax, ça lui arrache un rire sardonique. Désolé, hein… mais il avait vu des rassemblements de ces débiles aux États-Unis plus souvent qu’à son tour. C’était désolant. « J’suppose que ce genre de personnes qui croient pas en la science croient surtout en ce qu’ils voient… Du coup, c’est plus évident pour eux un vampire que le virus de la rage. »

Pour ne nommer que celui-là d’une longue liste de virus et autres joyeusetés évitables grâce aux vaccins. Par contre, Adrian fronce soudainement les sourcils, à nouveau fort sérieux. Geumcheon…?

« Tu ne pouvais pas t’offrir quelque chose à Gwanak, par exemple ? », demande-t-il lentement. Il savait que ce n’était pas offert à tous. Il était chanceux de pouvoir se payer ce bel appartement dans le quartier historique, pour sa part. Mais bon… La suite lui plaît, par contre. Parce qu’il aimait que Evelyn reconnaisse qu’il tenait à sa liberté et ne se fasse pas trop d’illusions à ce sujet. Il a un petit sourire en coin. « Disons que je profite de la vie. Si un jour je me pose, ça devra être avec quelqu’un qui n’essaie pas de me couper les ailes. »

Il ne parlait pas d’infidélité. Il n’était pas un gros con. Mais c’était tout le reste, autour de lui. Sa vie, il la vivait à mille km/h. Et il aimait ça comme ça… Il notait que pour les frères d’Evelyn, il ne s’était pas trompé. Ça lui arrache même un petit sourire.

« Ok, alors quatre types qui vont vouloir me refaire le portrait. Je note. », blague-t-il avec légèreté. Par contre, Adrian lève les yeux au ciel à la suite ! « J’ai dit que j’essaierais… Ou alors je le dis maintenant ! »

Parce qu’il ne pouvait pas être sûr de pouvoir répondre présent constamment. Il bossait beaucoup ! Et il y avait les chasses… Il l’observe avec amusement alors qu’elle fait déjà le listing des trucs qu’elle aimerait boire. Damn… les prochains mois allaient être longs, hein ! Mais c’était mignon cette façon qu’elle avait de boire une grande gorgée de jus de fruits comme si ça allait faire passer celle d’alcool.

« Je t’en amènerai un dès que tu en auras fini de porter ce bébé-là, peu importe ce que le médecin a à dire. », taquine Adrian, ayant probablement pris la grande décision malgré les réserves qu’il se gardait quant à son implication dans la vie d’Evelyn et du bébé. Par contre à la suite, il glisse une main dans sa nuque, un peu ennuyé pour le coup. La déposer ? Heu… « On y va à moto… Mais j’vais te payer le taxi. Te fais pas de mourrons pour ça. »

Ça ne lui posait pas de problème. Il pouvait bien faire ça. C’était limite la moindre des choses puisqu’elle avait pris son temps pour venir lui annoncer la nouvelle plutôt que de se contenter d’un texto qui l’aurait grave fait flipper. Il opine simplement pour la loterie. Il fallait l’excuser, mais ce soir, il n’avait plus trop la tête à la fête. Ce qui signifiait qu’il allait peut-être lui-même aller en taxi à la fête… histoire de pouvoir se saouler comme il se doit et oublier l’espace de quelques heures au moins ! Il pourrait pester contre ses piètres choix de vie demain matin, quand il serait hangover. Quant aux angoisses d’Evelyn, il doit admettre que ça le rassure un peu. Au moins ça ne semblait pas être à cause de lui… C’était peut-être égoïste, dans le fond ! Mais ça le rassurait quand même.

Puis, le sujet de la chasse… Adrian a un petit soupir à sa réaction, mais ne dit rien, la laissant digérer. C’était de ça qu’elle se doutait, finalement…? Des questions fusent. Il ne pouvait pas pester. Il l’avait invité à le faire, après tout ! Il attend qu’elle ait terminé avant de reprendre la parole, répondant brièvement à chacune d’entre elles.

« Oui, j’ai commencé en Californie, en fait. J’ai commencé à 20 ans, alors ça va bientôt en faire 10. », explique-t-il après avoir eu un petit sifflement impressionné parce qu’il n’avait jamais pris le temps de compter. Ça remontait ! Il a un petit rire bref alors que la demoiselle semble s’intéresser à son intégrité physique ensuite ! « Eh bien, non, pas grièvement. Blessé, oui. Mais jamais rien de grave. Mais bon, je vais pas mentir : ça peut arriver n’importe quand. »

Il n’était vraiment pas menteur, hein ? En tout cas, pas ce soir… Par contre la suite semble importante pour Evelyn et il ne déteste pas ça, pour être honnête. C’est elle qui gagnait des points sans même le savoir avec cette question et, surtout, cette façon de la poser.

« Non. Je chasse les meurtriers. »

Il était très sérieux en le disant, qu’elle comprenne que ce n’était pas une blague ou un mensonge pieu.

A l’entendre le dire comme ça, Evelyn pouffe un peu. Ca aurait pu la stresser ou quoi… Mais elle n’avait jamais imaginé Adrian comme une encyclopédie de la grossesse hein ! Tout ce qu’il devait réellement savoir sur le sujet c’est que ça durait en moyenne neuf mois et qu’ensuite on se retrouvait avec une petite chose avec deux bras et deux jambes quoi ! Evelyn trouvait ça très bien comme ça, et puis ça lui donnait un petit air un peu largué qu’elle trouvait, pour sa part, plutôt attendrissant en réalité. Elle hausse les épaules à propos des antivax, considérant finalement :

« Ce sont des crétins. »

Ils semblaient au moins d’accord là dessus ! C’était marrant dans le fond… Elle apprenait quelques anecdotes sur Adrian, elle qui ne s’y était jamais vraiment intéressé. L’inverse devait être un peu vrai aussi. Il faut dire qu’en Californie ils étaient des « amis d’amis ». Ils s’étaient un peu parlé, avaient légèrement flirté sans conclure… Alors ils avaient peu bavardé de manière profonde même s’ils s’étaient dit quelques petites choses quoi. Le reste c’était venu sur le tas. Même une fois rendu ici, Evelyn savait surtout ce qu’on avait pu lui dire sur Adrian à même le champ de course ou quoi. Concernant son logement par contre…

« Hé bien ça me permettait d’être toute proche de mon travail, ça me semblait être un bon plan au départ... »

Avec un petit air embarrassé. Elle savait bien qu’aujourd’hui ce genre de considération passait au second plan mais elle n’avait pas prévu quoi !

« S’il y a un problème, je suppose que je pourrais toujours loger temporairement chez un de mes frères. »

Shea accepterait sûrement mais elle craignait un peu la nostalgie que ça lui apporterait vu son drame perso… Quant à Matthew… Elle supposait qu’il l’hébergerait aussi. Ca n’avait rien à voir avec son indépendance, plutôt avec son bien être et Eve savait que Matthew ferait parfaitement la différence malgré leurs accroches récentes, non ?

Quoi qu’il en soit, alors que le père de son futur bébé lui admet être un électron libre à sa façon, Evelyn a un sourire.

« Je comprends. Je me suis toujours vu maman mais je me voyais continuer à vivre ma jeunesse encore quelques années avant ça. »

Enfin… Dit comme ça !

« Bon je compte toujours profiter de ma jeunesse hein… ! Mais avec une part de responsabilité aussi à présent. »

Elle se sentait prête à marier un peu les deux… Mais ne voulait pas ni être une mère irresponsable ni une « bénie oui-oui ».

La chinoise éclate de rire à propos de ses frères. Le pire c’est que pour au moins d’eux d’entre eux, ça pouvait ressembler à la réalité ! Shea était le plus emporté mais même si Matthew était du genre diplomate, il n’apprécierait probablement pas qu’on lui fasse du mal et son petit frère était plus physique qu’il n’en avait parfois l’air, avachit dans son fauteuil de gaming là… !

Adrian fait une promesse qui la fait rire… Et qui la touche en même temps parce que de manière implicite et peut-être inconsciente, il était en train de lui promettre de la suivre tout au long de sa grossesse. Ca pouvait pourtant être long, voir interminable, neuf mois, lorsqu’on savait à peine ce qu’on ferait d’ici deux ou trois jours. Par contre à propos du taxis elle lève une main, catégorique.

« Non ça va, Adrian. Je ne suis pas venue pour que tu me paie absolument tout ce dont j’ai besoin. J’ai encore mon indépendance. Mais je te remercie. »

C’était un truc de famille il faut croire ! En tout cas elle ne se ferait pas payer le taxi. Elle n’était pas ce genre de femme avant de tomber enceinte et elle ne le serait pas davantage maintenant. Quant à la chasse… Elle frissonne un peu, sensible, peut-être même encore plus qu’avant, à ce genre d’information. Bien sûr qu’elle a peur pour lui. Parce qu’elle a de l’affection pour lui, parce qu’il va être la moitié de cette petite chose dans son ventre…

« Ca fait froid dans le dos... »

Elle non plus n’allait pas lui mentir sur l’effet que ses informations avaient sur elle. Evelyn vient frotter un peu ses bras, regrettant légèrement son costume un brin dénudé pour le coup. Elle qui pensait qu’une fois sur place elle aurait assez chaud pour se passer de son manteau ne le ferait peut-être pas finalement.

Adrian fait une précision sur ses activités… Et Evelyn sourit, reconnaissant :

« Je suis rassurée d’un point de vue moral. Et un peu plus inquiète du point de vue de ta santé. »

Parce que les meurtriers n’étaient pas des enfants de cœur, par définition.

« Je vais te laisser tranquille, surtout que tu dois avoir beaucoup à penser toi aussi… Mais tu permets que je revienne sur le sujet une autre fois, si j’ai d’autres questions ? »

Elle en aurait sûrement… Mais elle aussi avait besoin d’y réfléchir, disons !

C’était une bonne chose de constater que Evelyn allait faire vacciner cet enfant-là, sûrement. Pas que Adrian aurait dû s’en soucier à ce stade-ci… n’est-ce pas ? Quoi qu’il en soit, il ne peut opiner quant à l’état mental de ces personnes qui, de toute évidence, devaient s’ennuyer comme des rats morts pour avoir le temps d’inventer des théories aussi farfelues. Lui ne saurait jamais ! Il est toutefois un peu perplexe à propos du logement. Geumcheon, c’était les bas-fonds de la ville, quoi. Certains trucs en périphérie étaient moins problématiques, mais à peine. Il chassait beaucoup dans le coin et juste ça, ça lui faisait comprendre tout ce qu’il y avait à savoir sur le quartier. Mais il ne la jugeait pas non plus. C’était juste un peu d’inquiétude, quoi.

« J’comprends. », assure-t-il simplement. C’était sincère. Il n’avait pas toujours eu autant d’argent. Los Angeles était une des villes les plus chères au monde. Hyo Jin et lui avaient vécus dans les quartiers chauds là-bas et ce n’était pas beau à voir. Il opine ensuite pour ses frères. Tiens d’ailleurs… « Un d’entre eux est dans l’équipe d’egaming de mon frère. Il me donne l’air de tout sauf d’un geek, j’dois dire…! »

Matthew, il lui semblait. L’autre jour, il avait l’impression d’avoir un peu vexé Hyo Jin en le vantant ! Il n’est pas surpris ensuite. Les femmes avaient des enfants de plus en plus tard et franchement, il ne pouvait pas trop les juger à ce sujet-là. Lui non plus n’aurait pas aimer perdre neuf mois de sa vie pour se retrouver en bout de ligne avec un gamin sur les bras dont la responsabilité venait souvent presque exclusivement à elle. Difficile pour les projets et la carrière… Il est toutefois un peu surpris à la réaction sur le taxi, mais soi ! Il ricane même un peu.

« Une femme indépendante, j’ai compris. », taquine-t-il, même si à son avis, les femmes dépendantes étaient faites… pour les autres ! Alors ça ne l’étonnait pas trop. C’est la vibe qu’il avait eu d’Evelyn et sinon, même pour une nuit, ça n’aurait pas marché ! « Je vais pas t’étouffer. C’est juste bizarre pour moi. Je sais pas à quel point je dois être là et pas là pour pas être considéré comme un salaud. C’est compliqué pour un type de marcher dans les lignes tout en restant fidèle à lui-même. »

Oui, les femmes avaient leurs problèmes, mais les hommes aussi. Pas qu’il se plaigne outre mesure, mais là il ne savait pas trop ce qui était fondamentalement bon ou pas. Bref, il se relève finalement, parce que Evelyn était apparemment sur le départ. Et ce n’était pas contre elle… mais il espérait un peu ne pas la croiser au festival. Il avait besoin de se changer les idées… Il ne savait même pas comment il allait le dire à Hyo Jin pour éviter les trucs embarrassants qui suivraient forcément ! Pas ce soir, en tout cas…

« Ouaip, tu peux m’appeler quand tu veux. », assure-t-il. Ce disant, il va jusqu’à une petite table sur laquelle il y avait pas mal de bordel, mais surtout quelques petites feuilles et un crayon. Il note son prénom, puis son numéro de téléphone et le donne à la demoiselle. Libre à elle de le rentrer tout de suite dans son cellulaire ou pas. « Passe une bonne soirée et sois prudente. »

Sur ce, il la raccompagne simplement à la porte, songeur et beaucoup moins bavard et belle gueule que d’habitude ! C’est que ça vous sonne ce genre de nouvelles. Il allait faire quoi, maintenant…?