C'est une enfant née sans un cri, juste après son frère jumeau. Et tandis que lui c'était époumoné comme un possédé affamé de dire au monde tout ce qu'il avait déjà à dire, elle s’était contentée de prendre une grande inspiration et d'ouvrir les yeux. Ainsi étaient nés les jumeaux Bae. Deux jolis bébés dans la moyenne, sans anomalies. En bonne santé et déjà bien éveillés, ils ne tardèrent pas à quitter l’hôpital pour regagner la demeure familiale.
Attendus par leurs parents, ils furent choyés et aimés. Chacun ayant sa propre place auprès de leurs parents. Ainsi, les trois premières années de leur vie se sont bien passées. Les jumeaux se sont développés sans difficulté apparentes dans une famille où ils étaient aimés et protégés. Les premiers sourires, le quatre-patte, les premiers pas, les premiers mots furent accueillis et immortalisés par les deux jeunes parents. Les deux enfants ont passé avec normalité chaque stade de développement comme attendu, ni plus, ni moins. Encore aujourd’hui, il y a de nombreuses photos et de nombreuses vidéos de leur enfance.
Leurs parents étaient fiers de pouvoir présenter au monde leurs jumeaux. Deux adorables enfants qui étaient très proches et supportaient difficilement d’être séparés. Leur fils était un peu plus agité que leur fille au caractère plus doux bien que tout de même assez affirmé pour pouvoir dire ce qu'elle voulait et ne pas se laisser faire par son frère. Chacun trouvant sa place auprès de l’autre, comme deux facettes d’une même pièce.
Alors, malgré leurs différences, les jumeaux étaient toujours ensemble. Complémentaires. Lui la poussait à être un peu plus téméraire et elle l'attrapait parfois par le pull pour l'empêcher de faire des bêtises. Et tous les deux se sont influencés dans leur développement. Il fut le premier à dire des gros mots. Et elle fut la première à savoir dessiner. Comme une prédiction de ce qu'ils deviendraient. À tour de rôle, l’un et l’autre se tiraient vers le haut ou vers le bas, apprenant bien vite à se jouer de leurs parents et à savoir sur quelles cordes tirer pour obtenir ce qu’ils souhaitaient.

L'entrée à l'école a marqué un tournant dans leur vie. Et pas forcément un bon tournant. Se Jin aimait apprendre, mais très vite, sa gentillesse et son côté rêveur ont fait d'elle une cible pour les élèves les plus agressifs. Cela n'a jamais été un secret pour personne que certains élèves étaient des boucs émissaires. Se Jin a beaucoup souffert. Très vite, très longtemps. On lui faisait beaucoup de mal : parfois, les journées étaient simplement meublées d’insultes et de moqueries. Mais parfois, il y avait des coups, la destruction de ses affaires ou encore du racket. Et pour chaque vêtement tâché ou déchiré, pour chaque affaire disparue, Se Jin se faisait disputer par leurs parents, comme si elle était responsable. Il fallait qu’elle apprenne à faire attention à ses affaires et qu’elle cesse d’être dans la lune. Son frère, lui, tentait de la protéger, n'hésitant pas à se battre contre d'autres élèves et à se rebeller contre des professeurs qui ne faisaient rien pour protéger sa sœur. Quant à leurs parents... Plus ils grandissaient, plus il paraissait évident qu'ils préféraient se voiler la face. D’abord aveugles, ils ont fini par comprendre que ce que vivait leur fille était bien plus grave que de simples affaires perdues par maladresse et étourderie. Mais ils étaient impuissants devant la souffrance de leur princesse, alors ils préféraient ne rien entendre et surtout ne rien dire.
Ce fut ce silence qui signa la rupture de la famille. Le frère de Se Jin qui n’avait de cesse de se rebeller contre leurs professeurs commença à se rebeller contre leurs parents. Insolence, violence, et autres infractions au règlement ayant cours à la maison. Et dans la fuite du domicile, il rencontra les mauvaises personnes. Il se retrouva embrigadé dans des histoires de gangs et de trafic de drogue. Étonnamment, il trouvait là-bas la famille qui n’avait rien fait pour lui. Mais il ne pouvait pas réellement impliquer Se Jin dans tout cela. Mais il le faisait pour elle : pour lui payer une école d’art, et lui offrir la vie qu’elle méritait. Elle n’en sut rien à ce moment-là. Elle tentait de convaincre son frère de renoncer à sa vendetta et le protégeait comme elle le pouvait.
Malgré cela, tous deux obtinrent leur diplôme. Elle parce qu’elle s’enfermait un peu trop dans les apprentissages scolaires et lui parce que sa sœur l’aidait autant que possible à se maintenir au minimum des notes requises.

La fin du lycée marqua un nouveau tournant dans leur vie.

Se Jin était douée pour le dessin. Incroyablement douée. Mais ses parents souhaitaient qu’elle mette à contribution ses talents scolaires dans des études plus gratifiantes, ne souhaitant pas que leur fille tente de vivre d’un métier très aléatoire. Un peu trop pour eux. Elle tenta de les raisonner. Elle tenta de les supplier. Mais ils n’entendirent pas ses demandes.
Leur fils se rebella encore plus. C’est à ce moment-là qu’il quitta le domicile familial renonçant pour sa part à toute forme de formation quelle qu’elle soit. Mais parce qu’il ne pouvait pas l’emmener avec elle, alors il lui conseilla de choisir une école de commerce, ainsi elle pourrait ouvrir sa propre boutique, une galerie d’art dans laquelle elle pourrait exposer des artistes et exposer ses propres œuvres. Et de son côté, il s’échina à gagner l’argent qu’il lui faudrait pour ouvrir sa boutique.
Les années passèrent. Même si les jumeaux ne vivaient plus sous le même toit, ils continuaient à se voir tous les jours. Et cela n’entama pas leur lien. Ils étaient toujours aussi proches, toujours aussi complémentaires. Il était celui qui la poussait à s’ouvrir aux autres, à leur faire confiance et à voir toujours un bon côté à tout ce qui lui arrivait. Et elle était celle qui l’empêchait d’aller trop loin. La jeune femme ne savait pas. Elle ne connaissait rien des activités de son frère, mais elle le sentait. Il y avait quelque chose de changé chez lui. Quelque chose de plus sombre. Alors inlassablement, elle tentait de le ramener vers la lumière. Elle était son guide. Et il était le sien.

Se Jin le sentit. Elle sentit le drame avant que les coups ne frappent à la porte plusieurs heures plus tard. Elle la sentit. L’espace d’un instant, son cœur s’est arrêté. Dans la petite chambre étudiante qu’elle occupait sur le campus. Il s’est arrêté, tout comme son souffle s’est figé dans sa poitrine. Tout a semblé s’arrêter. Il n’y avait plus rien que le vide et le froid. Sous elle, ses jambes se sont dérobées. Et elle est restée là, au sol, transie. Comme morte alors que quelque part au centre-ville, son frère s’était éteint, seul et loin d’elle.
Les policiers frappèrent à la porte du domicile de leurs parents. Et leur mère vint la trouver plus tard pour lui annoncer quelque chose qu’elle savait déjà. Se Jin était seule à présent. Son autre moitié s’était envolée, la laissant seule, livrée à elle-même face à un monde dans lequel elle avait toutes les peines du monde à s’intégrer. Mais elle se redressa. Un pied devant l’autre. Et ce fut elle qui vida l’appartement de son frère, leurs parents ne souhaitant pas le faire. Il n’était plus rien pour eux. Elle récupéra ses affaires les plus importantes et donna les autres.
Avant de partir, quelque chose la retint. Elle jeta un œil vers l’arrière et revint sur ses pas pour fouiller la cachette qu’ils avaient lorsqu’ils étaient plus jeunes. Elle trouva une boite remplie de pilules et un carnet. Voilà comment elle découvrit qui trouver pour avoir les explications qu’elle n’avait pas eues sur les activités de son frère. Et comment elle comprit dans quelles sordides histoires il avait trempé. Elle se chargea de vendre les pilules pour comprendre ce qu'il y trouvait. Et quand elle rapporta l’argent de la vente, elle en prit d’autres. Parce qu'elle espérait pouvoir découvrir pourquoi son frère était mort.

Se Jin ne souhaitait plus dépendre de leurs parents. Alors il fallait bien qu’elle gagne de l’argent. Elle termina ses études et obtint son diplôme alors il fut bientôt temps de quitter sa chambre étudiante. Si son frère s’était intégré au clan pour lequel il travaillait, ce n’était pas son cas. Elle ne voulait pas trouver de famille. Et d’une certaine façon, elle ne gênait personne et ne risquait de dénoncer personne si elle ne savait rien.

Aujourd’hui, elle vit de cela, elle se paye un tout petit logement dans un quartier qu’elle n’apprécie pas pour pouvoir mettre de l’argent de côté, péniblement. Chaque sortie nocturne est une torture pour elle qui a peur des vampires. Mais elle l’entend encore la pousser. Elle l’entend encore l’encourager à repousser ses limites, alors elle le fait. Elle cherche toujours la vérité et ne s'arrêtera pas tant qu'elle ne saura pas.

Je suis tellement heureuse de redécouvrir Sejin J'avais oublié qu'elle louchait ! Trop chou !

Comme je le disais, il nous faut tellement un lien avec Ryu Wook ! Il va lui filer ses cours si ça l'intéresse Et lui, il va l'encourager

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