La vie de Hua Feng a toujours été extrêmement droit au but pour lui… et étonnante pour les autres. Il est un de ces enfants qui ont eu de la chance dans leur malchance. Né d’une mère adolescente qui ne désirait ni l’enfant, ni la relation qui l’a conduite à être enceinte, il aurait certainement pu démarrer mieux dans la vie. Mais, malgré l’extrême pauvreté et la précarité dans laquelle ils vivaient, cette toute jeune femme a fait de son mieux pour offrir quelque chose à son fils. Quelque chose de positif. Elle n’a pas vraiment réussi, mais ça n’a pas été faute d’essayer. Ils sont à la rue et il a cinq ans lorsqu’elle décède, au milieu d’un hiver plus rude que les autres qui a ravagé la population itinérante de Beijing.

La jeune femme qui le trouve a quelques années de moins que sa mère et son visage met assez le petit garçon en confiance pour qu’il prenne sa main et la suive jusqu’à un temple en retrait de la ville. C’est là que la vie de Hua Feng commence vraiment. Le prénom est le siens, mais le nom lui est donné à son arrivée là-bas puisqu’il ne connait pas le siens. Dès son arrivée, on ne le ménage pas, mais on lui donne tout ce dont il a besoin. Pour le petit garçon à l’estomac continuellement vide et qui n’avait jamais vraiment eu de toit au-dessus de sa tête, c’est un vrai miracle et il se sent aussitôt privilégié. Il se donne donc corps et âme dans ce qu’on exige de lui : un entraînement quasi militaire et une vie spirituelle qui en surprendrait plusieurs de nos jours.

C’est par l’Ordre de la Sphère Céleste que Hua Feng avait été recueilli. Ce temple, situé en périphérie de Beijing, est encore de nos jours reconnu pour son accueil en masse des enfants qui vivent à la rue et Hua Feng est donc l’un d’entre eux. Il a grandi avec le concept des vampires et connait depuis toujours une histoire alternative à celle que les petits Chinois apprennent sagement sur les bancs d’école. Alternative, certes… mais bien plus près de la réalité, surtout qu’elle est abordée d’un point de vue très neutre. Il est formé à des arts de combat chinois ancestraux. Et il est sensibilisé à la conservation de l’équilibre entre vampires et humains, malgré le secret éventé plusieurs décennies avant son entrée en service.

C’est son caractère calme, posé et relativement neutre qui intéresse le plus ses maîtres et qui le conduit à être en première ligne des négociations. Hua Feng est un agent de liaison. C’est à lui qu’on s’adresse quand on veut parler à l’Ordre. C’est aussi lui qui débusque les vampires ou les chasseurs avec lesquels l’Ordre veut avoir une discussion. Pour cette raison, lorsqu’il lui a été proposé de s’injecter du sérum dans les veines, Hua Feng l’a refusé. Il juge ne pas être davantage en danger que lorsque le sérum n’existait pas… et n’ayant pas son odeur dans ses veines, les vampires sont plus enclins à l’écouter lorsqu’il doit leur parler.

Son arrivée à Séoul a été orchestrée il y a déjà cinq ans. Il y a été envoyé dans le but de créer des échanges d’information et de service entre les temples des différents pays asiatiques. Même s’il est lié au temple de Séoul, il n’en reste pas moins plus détaché que de celui de Beijing. Il préfère habiter ailleurs et il n’y va peut-être pas aussi souvent qu’il le devrait, mais c’est d’eux qu’il reçoit quand même ses ordres et il les suit sans protester. À traîner dans les rues de Séoul, Hua Feng est en train de développer un style de combat plus moderne et moins soigné, mais aussi plutôt inattendu qui lui donne un avantage que les puristes refuseraient de reconnaître.

Pour l’heure, son travail à Séoul le satisfait et retourner à Beijing ne semble pas être une option. Il s’ennuie parfois de son pays natal… mais peut-être pas autant qu’il le devrait.